Orfeo ed Euridice, C.W. Gluck (1714-1787)

Sous cette vidéo, vous trouverez :
 

- une présentation des principaux points abordés

- les liens pour écouter les extraits musicaux choisis

 

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Bonne écoute !

 

Jean-Jacques Griot

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Auteur du livre "Ecouter la musique classique, cela s'apprend !" Editions Eyrolles : Cliquez ici

 

 

 

Orfeo ed Euridice

 

 

- le 30e opéra composé par Gluck et c'est un des premiers qui marque cette nouvelle façon d'envisager et de composer des opéras.

- argument et résumé par actes

 

  • Acte 1 : Orféo, accablé par la mort de sa jeune épouse Eurydice, qui vient d'être mordue par un serpent chante son infinie tristesse. Sa musique touche Hadès, le dieu des enfers, et c'est le personnage de l'amour qui autorise Orféo à aller aux enfers pour ramener Eurydice dans le monde des vivants, mais à la condition qu'il ne se retourne pas pour la regarder pendant le chemin retour, sans quoi elle mourra immédiatement. Fin de l'acte 1
  • Acte 2 : Orféo part aux enfers et doit attendrir les gardiens des portes de l’enfer. Grâce à sa musique, il y parvient.
  • Acte 3 : il retrouve Euridyce, ils commencent à remonter des enfers, mais, presque arrivé, Orféo ne peut s’empêcher de regarder derrière lui et Eurydice meurt à nouveau. Le personnage de l'amour intervient une deuxième fois pour réssuciter Euridice.

- opéra qui est une commande et qui doit rendre hommage à ses commanditaires l’Empereur François Ier de Habsbourg-Lorraine.

 

- Il y a 4 pesonnages dans Orféo et Euridice

  • Orféo, qui est sur scène du début à la fin, c’est un rôle écrasant.
  • Euridice qui arrive au 3e acte,
  • le personnage de l'amour qu intervient 2 fois au début pour dire à Orféo qu'il peut aller récupérer Euridice et à la fin quand il la ressuscite
  • et 4eme personnage : c'est  le choeur.

- sobriété des moyens : seulement 3 personnages et un choeur, 1 h 30 de musique et tout est dit. C’est cette sobriété qui sera aussi au coeur de la révolution apportée par Gluck à cet art de l’opéra, sobriété des moyens et des effets.
 
 Comment débute cet opéra ?
L'intrigue elle aussi est ramenée à l'essentiel, dès le départ, nous sommes autour du corps d'Euridice qui vient de mourir.

Après l'introduction uniquement instrumentale, les premiers à prendre la parole, c'est le choeur qui chante ceci :


BERGERS, NYMPHES
Ah! Si autour de cette urne funeste,
Euridice, belle ombre, tu rodes...
ORPHÉE
Euridice!
BERGERS, NYMPHES
Entends les pleurs, les lamentations et les soupirs Qui se répandent douloureusement autour de toi,
ORPHÉE
Eurydice!
BERGERS, NYMPHES
Et écoute ton époux malheureux
Qui te réclame en pleurant...
ORPHÉE
Euridice!
BERGERS, NYMPHES
Il t'appelle, et se lamente;
Comme quand la tourterelle amoureuse
A perdu sa douce compagne,

 

Ce choeur est entrecoupé à 3 reprises par une intervention d’Orféo : ce dernier ne dit qu’un seul mot, il le crie presque. Ce mot c’est Euridice !
 

MUSIQUE 01 : choeur du début + intervention d’Orféo (Euridice)

 

- les récitatifs et les airs
L'amour :

Récitatif
Il t'est interdit de regarder Eurydice
Tant que tu ne seras pas sorti des antres du Styx!
Et tu ne dois pas lui révéler cette stricte interdiction! Sinon, tu la perdras de nouveau et pour toujours;
Et abandonné à ton terrible désir
Tu vivras malheureux!
Penses-y, adieu!

 

Air (toujours chanté par l'amour)
Retiens ton regard,
Freine tes paroles,
Rappelle-toi que si tu souffres,
Il ne te reste que peu de temps
A souffrir encore.
Sache aussi que parfois,
Confus, tremblants
Devant celle qu'ils aiment,
Les amants sont aveugles,
Qu'ils ne savent plus parler.
                                          
Nous allons écouter la fin du récitatif, écoutez l'accompagnement et l'air qui enchaîne.

 

MUSIQUE 02 : récitatif
MUSIQUE 02' : air
                                                                              
-  Les effets : le tonnerre
À la fin de l’acte l, et pour conclure l’acte il est noté ceci :  « On voit un éclair, on entend le tonnerre, Orphée sort » écoutez :

 

MUSIQUE 03 : le tonnerre (fin de la plage)

 

- les 3 moments musicaux au début du 2e acte :

- Les Champs-Elysées : la partie des Enfers, où, selon la religion grecque et la religion romaine, séjournaient les âmes vertueuses après la mort. Scène typique que l'on pourrait retrouver dans les opéras français  du XVII e siècle.

 

MUSIQUE 07 : les Champs-Elysées

 

- Puis Orféo chante ceci :
Quel ciel pur! Quel grand soleil!
Quelle est donc cette nouvelle lumière sereine! Quelle douce et flatteuse harmonie
Forment ensemble
Le chant des oiseaux,
Le murmure des ruisseaux,
Le bruissement des vents!
Voilà le séjour
Des Héros chanceux!
Ici, tout respire un contentement tranquille, Excepté pour moi.
Si je ne trouve pas
je ne peux plus rien
Ses paroles suaves,
Ses regards amoureux, son beau rire,
Sont mon seul Élysée, mon seul plaisir!
Mais où peut-elle donc être?


- Entendez-vous les oiseaux dans la musique qui accompagne ?

 

MUSIQUE 08 : Orféo

 

Les 4 versions de cet opéra :

 

  • 1 -   la version originale créée à Vienne, chantée en italien. Le rôle-titre masculin est confié à un castrat : Gaetano Guadagni. Cette version est créée à Vienne le 5 octobre 1762 au Burgtheater en présence de l'impératrice Marie-Thérèse.
  • 2 – version de Parme, encore en italien, réorganisée en un seul acte (une sorte d’acte de ballet à la française), où le rôle-titre est transposé par Gluck lui-même pour le castrat soprano Vito Giuseppe Millico.
  • 3 - version parisienne de 1774. Marie-Antoinette, princesse autrichienne et future reine de France, demande à Gluck de remanier l’ouvrage pour une création à l’Académie Royale de Musique à Paris. Le titre devient Orphée et Eurydice chanté en français. Orfée chanté par Joseph Legros voix de haute-contre.
  • Cette création à Paris est le point de départ de la querelle des gluckistes et des piccinistes : pour résumer une querelle sur le style plus français de Gluck, récitatifs accompagnés, chœur, danse et le style italien incarné par Piccini avec des airs virtuoses et avec reprises et autres acrobaties vocales.
  •  4 -  version arrangée par le compositeur Hector Berlioz au XIXe siècle, où le rôle-titre est cette fois-ci confié à une mezzo-soprano, la célèbre Pauline Viardot.

                                                            
- le Choeur qui accompagne Orfeo et Euridice

 

Viens, Eurydice!
Reviens, ö belle, à ton époux,
le ciel compatissant                                                                                  
Ne veut plus qu’elle soit séparée de toi. Ne te plains pas de ton sort,
Car an peut dire que c'est un autre Élysée, Cet époux si fidèle.
Ne te plains pas de ton sort etc.

 

Et ce texte est ajouté juste après dans la partition :  
Eurydice est conduite vers Orphée par un Choeur d'Héroïnes et ce dernier, sans la regarder, mais avec un geste de grande délicatesse, la prend par la main et l'emmène aussitôt. Suit le Ballet des Héros et des Héroïnes, et le Choeur reprend son chant, qui doit se poursuit jusqu'à ce qu'Orphée et Eurydice soient sortis tout à fait des Champs- Élysées.

 

MUSIQUE 09 : chœur final acte 2

 

- ACTE 3 :  échange entre Orféo et Euridice (récitatif)
 

ORPHÉE Viens, suis mes pas unique objet aimé de mon coeur fidèle EURIDICE est-ce toi ? Je me trompe ? Je rêve ? Je veille ? Ou je délire ?
ORPHEE Mon épouse bien aimée, je suis Orphée, Et je vis encore, Je suis venu te chercher jusqu’aux Champs-Elysées D’ici peu, tu verras de nouveau Noter ciel, notre soleil et le monde
EURIDICE Tu es vivant ? Je suis vivante ? Comment ? Mais par quelle magie ? Par quel moyen ?
ORPHEE Tu sauras tout de ma bouche Mais pour l’instant ne demande plus rien ! Hâte-toi avec moi, et libère ton âme de cette vaine crainte importune ! Tu n’es plus une ombre, Ke ne suis pas une ombre

EURIDYCE Qu’entends-je ? Est-ce vrai ? Dieux cléments, Quel est donc ce bonheur ? Dans les bras de mon amour Dans les plus suaves liens  D’amour et d’Hyménée, je vivrai donc une nouvelle vie !

 

MUSIQUE 10 : récitatif Orféo Euridice
                                           
- figuralisme musical :  Euridice
 
Ma constance vacille devant un coup si rude
La lumière a disparu devant mes yeux Mon coeur est oppressé, J'ai du mal à respirer. Je tremble, je vacille et je sens, Entre l'angoisse et la terreur, Je sens mon coeur vibrer d'une cruelle palpitation.

 

MUSIQUE 11 : Euridice (à partir de  0'51)

 

Orféo n’arrive pas a se retenir et il regarde Euridice, qui meurt dès que les yeux d’Orféo se posent sur elle.

Voici leur dernier échange :
ORPHÉE
Non, épouse! Écoute!
(sur le point de se retourner pour la regarder)
Si tu savais...
Ah, que fais-je? Mais jusqu'à quand
Devrais-je souffrir
Dans cet horrible enfer?
EURYDICE
Mon amour, souviens-toi... de... moi!
ORPHÉE
Quelle souffrance!
Oh, comme mon coeur est déchiré!
je ne résiste plus...
je brûle... je frémis... je délire...
(il se retourne avec fougue et la regarde)
Ah! Mon trésor!
EURYDICE
Justes dieux, que m'arrive-t-il?
je défaille, je meurs.
(elle meurt)  

 

- Voici l’air le plus célèbre de cet opéra :

 

Que ferai-je sans Eurydice?

Où irai-je sans ma bien-aimée?
Que ferai-je? Où irai-je ?
Que ferai-je sans ma bien-aimée?
Où irai-je sans ma bien-aimée?
Eurydice! Eurydice!
Oh, dieu! Réponds! Réponds!
je te suis toujours fidèle.
Que ferai-je, etc.
Eurydice! Eurydice!
Ah, il ne me reste
Aucun secours, aucun espoir,
Qui vienne du monde ou du ciel!
Que ferai-je, etc.

 

MUSIQUE 12 : air d'Orféo

 

- Mise en scène de Robert Carsen

Jakub Józef Orliński | Orfeo
Regula Mühlemann | Euridice
Elena Galitskaya | Amore

Orchestre Balthasar Neumann
Chœur Balthasar Neumann

Thomas Hengelbrock | direction

 

 

Ranieri de Calzagigi, librettiste :

« Je lui fit la lecture de mon Orfée, et lui en déclamait plusieurs morceaux à plusieurs reprises. Lui indiquant les nuances que je mettais dans ma déclamation, les suspensions, la lenteur, la rapidité, les sons de la voix tantôt chargés, tantôt affaibli et négligés, dont je désirai qu’il fit usage pour sa composition.
Je le priai en même temps de bannir les passagis, les cadencés, les ritournelli, c’est à dire toute la virtuosité vocale à destination des chanteurs et tout ce que l’on a mis de gothique, de barbare, d’extravagant dans notre musique. Monsieur Gluck, entra dans mes vues ».

 

C.W.  Gluck, préface de son opéra Alceste

 

« Je me suis efforcé de ramener la musique à son véritable rôle qui est de servir la poésie avec expression et de suivre le déroulement de l’intrigue sans interrompre l’action ni l’étouffer sous une prolifération d’ornements inutiles ».

 

Interprètes de l'enregistrement :

Voix de mezzo-soprano dans cet enregistrement :
Orféo : Bernada Finck : mezzo-soprano
Euridice : Soprano
Amour : Soprano Orchestre baroque de Freibourg, René Jacobs direction

 

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